Aujourd'hui j'ai décidé de rompre un tabou tenace, pour nous, les femmes.

Celui de la cabine d'essayage.

Que celle qui ne s'est jamais retrouvée coincée dans une cabine d'essayage me jette la première pierre.

Je m'explique.

Il fait beau, il fait chaud[1], et vous n'avez plus rien à vous mettre sur le cul. Normal.

De plus, vous bénéficiez d'une semaine de congés chômés et vous venez de récupérer quelques pépettes sur votre compte en banque. Chouette.

C'est donc partie pour une après-midi shopping rue de Rivoli, parce que là-bas il y a de tout et que surtout, c'est direct avec le bus 75 qui est juste en bas de chez vous. C'est parti.

Vous voici donc dans les sous-sols de Haschisch & Marijuana, munies de 7 articles, non pas qu'il s'agisse de votre chiffre fétiche, mais du maximum autorisé. Tant pis.

Après 1/4h d'attente, vous finissez par atteindre les très attendues, mais non moins odorantes et suffocantes, cabines d'essayage. Youpi.

A peine déshabillée vous commencez à suer à grosses gouttes sous les projecteurs braqués au-dessus de votre cabine et l'atmosphère moite dégagé par tous ces corps essayant leurs habits d'été.

Vous faites fi de ce détail, et prenez votre temps, vous êtes en congés chômés pour une semaine, pas de quoi se presser et donc générer de nouveaux débordements de vos glandes sudoripares.

Un p'tit top, deux p'tits tops, trois p'tits tops, un pantalon en toile... Jusqu'ici tout va bien, ces vêtements ont été taillés pour vous et vous les classer immédiatement dans la catégorie "je-prends-sans-réfléchir".

Arrive la p'tite robe, avec une fermeture éclairs sur le côté, et un embrouillamini de fermetures à base de rubans, fines bretelles, etc. Vous vous étiez contrôler jusque là, vous étiez même zen et aviez réussi à contenir toute transpiration, mais là, rien qu'à regarder cette petite robe, vous commencez déjà à lâcher quelques gouttes. Mais bon, elle vous fait suffisament envie pour que vous fassiez l'effort de l'enfiler.

Et là c'est le drame.

Oh, vous réussissez à l'enfiler, presque sans problème et ahanement intempestif. Mais bien sûr, vous constater que cette si jolie robe vous fait un énorme cul à cause de la fermeture éclairs justement disposée sur le côté et que tout cet embroglio de rubans et de bretelles n'est vraiment pas flatteur. Déception donc.

Il vous faut alors ôter le vêtement. Vous dézippez la fermeture éclairs, dénouez les noeuds, faites glisser les bretelles, puis dans un mouvement coulé vous vous emparez du bas de l'accoutrement afin de faire passer le tout par-dessus tête.

Sauf qu'entre-temps, vous avez sué pour l'enfiler cette foutue robe qui-ne vous-va-pas-et-même-que-vous-vous-en-doutiez-mais-bon-ça-coûte-rien-d'essayer, votre peau est ainsi devenue moins glissante et plus aggripante. Vous vous retrouvez alors avec la robe coincé sous les aisselles, les bras coincés en l'air n'osant pas lâcher les pans du vêtement par crainte de ne pouvoir les récupérer ensuite. S'engage alors une danse des plus ridicule entre le textile et vous. Et dans votre tête c'est l'apocalypse : "Je vais finir étouffer dans une robe qui ne me va même pas, dans une cabine puante. Je me demande bien ce que Warrick Brown en pensera en venant analyser mon corps... Rho putain merde, j'ai mis une culotte Petit Bâteau, c'est pas le moment de crever, surtout si c'est Warrick qui fait le déplacement. Je dois ABSOLUMENT enlever cette p*** de robe moche !"

Toute à la panique vous vous en prenez à vous-même : "Mais pourquoi suis-je toujours seule pour faire du shopping, au moins si j'étais accompagnée, la bonne copine pourrait au moins m'aider à arracher cette nippe... Peut-être vais-je devoir faire appel à un vendeur... Non, ce serait carrément surréaliste, surtout avec toutes ces petites prépubères autours."

Viens ensuite le terrible constat : vous allez devoir vous démerder toute seule.

Et puis vous commencez à avoir vraiment trop chaud sous tout cet amas de synthétique, vous commencez même à vous énerver, vous n'êtes pas loin de vous imaginer devenir toute verte dans un incroyable accès de démence, déchirant les vêtements qui vous recouvre.

C'est alors que le mirable se produit. Vous êtes la plus forte et la robe rend les armes en passant par dessus vos épaules.

Vous voici toute pantelante, suante, échevelée, pire qu'après un footing, mais surtout... soulagée. L'infamie ne souillera pas votre front cette fois encore.

Vous prenez 5 minutes pour reprendre votre souffle, vous recoiffer et vous passer une lingette sous les aisselles, avant de ressortir telle la fleur venant d'éclore au petit matin. Vous êtes la seule à savoir ce qu'il s'est réellement passer dans cette foutue cabine surchauffer. Ca restera votre secret. C'est vraiment trop honteux.

Notes

[1] Magnifique contrepètrie belge dont je ne me lasse jamais.